Carnet de bord : Mission 008
TOULON- SALVADOR DE BAHIA – SAINT NAZAIRE – TOURS- ROCHECORBON.
Dimanche 25 décembre 2022
Recife – Cap Vert en images :
Après s’être fait rattraper par le pot au noir, le bateau a continué sa route plein nord, sous voile et avec vent contraire. Finalement, le souffle d’Eole nous fait arriver le 25 décembre au Cap Vert.
Samedi 24 décembre 2022
Recife – Cap Vert
Nous passons des festivités originales à bord de Terre Exotique. Nous pouvons deviner les îles du Cap Vert que l’on atteindra bientôt, non sans difficulté, avec un vent défavorable.
Joyeux Noël et bonnes fêtes de fin d’année !
Mercredi 14 décembre 2022
Recife – Cap Vert
Sous gréement de fortune
Déjà près de 2 jours en mer… le rythme s’installe avec des quarts de 4 heures.
Au départ de Recife, nous hissons la grand-voile 3 ris, et les 2 voiles d’avant : J3 et J4. Vérification de la tension des haubans, reprise des bastaques, tension des étais… tout a l’air impeccable.
Bon, on ne fera pas un très bon cap au vent, et les bords de près seront plutôt carrés… mais ça a l’air solide.
Le temps de regarder tout ça, et nous voilà déportés très au sud… c’est fou le courant sud le long de la côte brésilienne. Et visiblement, ce n’est pas comme en Bretagne : il n’y a pas de renverse !
On vire, et on cale notre cap au 21, tribord amure. Ça devrait durer… 15 jours ?
Dans la journée, la chaleur est infernale et marcher sur le pont pieds nus est impossible. Frédéric a trouvé LE spot pour la sieste : à l’ombre, dans les plis de la GV, le long de la bôme. Bien mieux qu’un hamac.
On marche à 4 nœuds les premières heures, c’est faible, mais on avance sur la route. En ce moment, nous sommes plutôt à 6,5 nœuds, le vent ayant un peu forci. C’est bon pour le moral.
Ce qui est bon pour le moral, ce sont les superbes nuits étoilées. J’ai vu une étoile filante durant mon quart, vers 2 heures. Faire un vœu… je voudrais bien vous le dire, mais ça annulerait son effet. Je peux juste vous confier qu’il concerne le programme Eole !
On a encore la tête en bas, mais d’ici 36 heures, on passera l’équateur et on se remettra dans le bon sens !
Ce qui est bon pour le moral, c’est d’apprendre que nous venons de recevoir le certificat phytosanitaire permettant de dédouaner le poivre à Saint Nazaire. Cela clos le dossier administratif. Quelle histoire remplie de complexités pour avoir simplement le droit de transporter nos épices à la voile… Il va bien falloir s’y mettre, puisque d’ici quelques décennies, parait-il, il n’y aura plus de pétrole ! J’ai l’étonnante impression que nous poussons une porte bien fermée et qu’il nous faut beaucoup d’énergie, de joie, de bonne humeur et… de persévérance pour faire bouger les lignes !
Malgré tout, nous avons beaucoup de soutien et je mesure souvent l’enthousiasme que ce programme suscite. Ça aussi, c’est bon pour le moral.
Hier après-midi, nous avons eu la visite d’une colonie de dauphins. Il y avait des mamans, nageant collées-serrées avec leurs petits. C’était charmant.
Question du jour : aura-t-on la joie d’assister à la messe de Noël au Cap Vert ? Il semble que ce soit quelque chose, là-bas. Trop tôt pour le dire. « Ça dépendra du vent », comme dit toujours mon ami Jojo.
A bientôt,
Erwann de Kerros
Lundi 12 décembre 2022
Recife
Départ de Recife et cap vers… le Cap Vert !
Jeudi 8 décembre 2022
Après le chargement à Salvador, le bateau a pu repartir, toutes voiles dehors, et attaquer la remontée vers Saint Nazaire contre les alizés.
5 jours plus tard, pour des raisons encore inexpliquées, la nouvelle tombe : mât cassé à 3 mètres au-dessus du deuxième étage des barres de flèches. Pas de blessés. L’équipage a pu se mettre en sécurité, pour finalement faire route vers le port de Recife, au nord-est du Brésil. C’est évidemment une triste nouvelle, même si, par chance, l’équipage est sauf…
Une fois le bateau mouillé et en sécurité, c’est le temps des réflexions d’ordre technique : est-ce réparable ? Dans quelle condition ? Peut-on démâter ? Où trouver un camion grue ? Peut-on avoir accès à un quai sécurisé ? Quelle équipe constituer pour le chantier ? Quelles pièces trouver, et comment les acheminer…
Finalement, la décision est prise : nous allons rapporter le bateau et son chargement sous un gréement de fortune, depuis Recife jusqu’au Cap vert, voire les Açores si la météo est favorable… puis un deuxième équipage reprendra la mer pour atteindre les Sables d’Olonne ou Saint Nazaire. Il faut tenir la barre, et garder le cap… aller au bout de la mission, même par vents contraires !
L’équipage se met tout de suite au travail pour installer le gréement dans des conditions difficiles, et sous une chaleur intense…
Je me rends donc à Recife pour embarquer comme équipier, sous l’autorité de Frédéric Servera, skipper expérimenté, qui est très motivé pour continuer la mission.
Bravo et merci pour sa persévérance.
Départ imminent, … enfin dès que les autorités voudront bien tamponner nos passeports pour la sortie du territoire… vendredi tout est fermé pour cause de match du Brésil… ça attendra sans doute lundi.
Merci de votre soutien et à bientôt.
Erwann de Kerros
Samedi 26 novembre 2022
Que retenir de cette courte escale à Salvador ?
Un sentiment contrasté qui mérite d’y retourner pour approfondir mon ressenti.
Dans le vieux Salvador, la musique et la danse sont rois. Les gens sont enjoués, malgré une proximité et une cohabitation entre l’extrême pauvreté et une population qui ressemble à celle de la France. Des temps festifs se déroulent tous les soirs, et que vous dire de la ferveur des gens lorsque le Brésil marque son premier but de la coupe du monde…
Allez-y et appréciez !!!
L’équipage
Vendredi 25 novembre 2022
Salvador de Bahia.
Cet après-midi, à 16 heures 04, nous avons finalement reçu le feu vert définitif des autorités brésiliennes ! Le bateau peut larguer les amarres, le poivre est dédouané… nous rapportons donc dans nos cales un goût de bonheur de vivre brésilien !
Quel soulagement après 8 jours d’acharnement administratif…
C’est la conclusion d’une incroyable aventure, d’une forme de lutte qui nous mène à comprendre les méandres et subtilités de l’administration brésilienne, connue pour sa rigueur particulièrement pointilleuse.
Maintenant, tous nos encouragements vont au fier équipage : Jean Philippe et Frédéric. Ils vont partir très vite, car ils tiennent à passer les fêtes de Noël en famille !
Bon vent !
Et rendez-vous au port de plaisance de Saint-Nazaire.
Erwann de Kerros
Jeudi 24 novembre 2022
Salvador de Bahia.
Journée pluvieuse, mais bon moral : nous sommes autorisés à charger les 190 sacs de 10 kg à bord par les autorités brésiliennes. Il y a du poivre noir, blanc et rouge issu d’une plantation agroforestière située dans la région de Porto Seguro, à 700 km au sud.
C’est précisément à cet endroit que le navigateur Pedro Alvarez Cabral découvre pour la première fois en l’an 1500 ce qui deviendra le Brésil. 2 ans plus tard, Amerigo Vespucci naviguera sur ses traces et nommera ces terres « AMERICA »… ils ne doutaient de rien à cette époque !
Nous, bien plus modestement, et avec l’aide précieuse de nos 5 voisins danois, nous faisons une chaîne et embarquons le poivre ! La moitié dans la soute à voile, et le reste reparti sous le cockpit et à l’arrière…
Si tout va bien, le voilier larguera ses amarres samedi, direction Saint-Nazaire.
En attendant, à 16 heures, le Brésil joue son premier match du mondial. Faut pas rater ça…
Erwann de Kerros
Samedi 19 novembre 2022
Notre navigation de l’Equateur à Salvador de Bahia a été relativement directe et sans grands évènements notoires, si ce n’est le passage de cette ligne symbolique qui a donné lieu à un rituel que l’équipage a honoré. Nous avons donc versé un peu de vin à la mer, pour remercier Neptune de nous laisser passer. Nous avons baptisé le bateau avec ce même vin et agrémenté notre déjeuner du jour, avec ce qu’il en restait. L’accostage dans la seule marina en capacité de nous accueillir à Salvador, s’est effectué dans la nuit du 18 au 19 novembre. Au matin du 19 novembre, sous une pluie battante, nous avons débuté les démarches administratives pour entrer en toute légalité sur le territoire brésilien ; En premier lieu, la police fédérale pour y faire tamponner nos passeports. Dominique, le responsable de la marina, nous avait précisé de se rendre impérativement en pantalon dans les administrations. Nous voilà donc dans le bureau de l’officier de police, en pantalon, trempé de la tête aux pieds… et en tong. Il tamponne nos passeports et nous remet le document d’entrée sur le territoire. L’étape de la douane et de la capitainerie du port, se fera lundi, dès l’ouverture des bureaux.
Fatigué et toujours trempé, nous trouvons un «Hubert» pour nous mener à notre hôtel. Nous nous installons et profitons du premier petit déjeuner brésilien au «Colonial Chile Hôtel».
L’après-midi, nous retrouvons, Erwann de Kerros, accompagné de deux journalistes, présents pour réaliser un reportage sur le programme « Eole ».
Ces quelques jours d’escale se déroulent autour de deux grands axes. Pour l’équipage, il s’agit de prendre du repos et de préparer le bateau au retour vers la France. Pour Erwann, épaulé de Christophe (le commercial local) qui travaille à l’exportation de marchandises ; finaliser l’organisation et obtenir les autorisations pour charger le poivre et le sortir du territoire. Ce travail, que nous avons suivi sans y prendre part directement, est mené de main de maître avec acharnement. Les rebondissements ont été quotidiens, avec des visites à bord de différents représentants locaux ; les douanes, le ministère de l’agriculture…
L’équipage
Mercredi 9 novembre
Après le contournement de l’archipel du Cap Vert, par le nord, Terre Exotique file au sud en direction du « Pot au Noir », une navigation sur un bord qui nous amène au nord-est de la « ZIC», (zone intertropicale de convergence ).
Cette zone d’instabilité météo, réputée pour ses changements soudains de direction et de force du vent, accompagné de grains plus ou moins fort, est à la hauteur de sa réputation. Nous passons 48 heures à nous débattre pour sortir de cette frontière imaginaire qui ouvre l’accès à l’hémisphère sud. Terre Exotique se faufile à pas feutrés et à petite allure pendant toute une journée.
Le vent mollit, notre moyenne part en « barigoule », le ciel s’assombrit, et les premières gouttes viennent laver le pont. À l’entame de la première nuit, le vent est toujours faible et changeant. Pendant un temps, il dispose du bateau en lui faisant changer de cap notoirement. On fait avec, manœuvrons et reprenons un cap en adéquation avec notre destination.
Au matin, on découvre un ciel sombre, parsemé de nuages qui ne demandent qu’à se vider du trop-plein d’eau qu’ils recèlent. Les grains sont bien présents et nous zigzaguons pour s’en éloigner ou s’en rapprocher et profiter de la survente qu’ils procurent, en se plaçant au-devant.
La pluie est présente, plus ou moins forte, mais le meilleur reste à venir !
La seconde nuit, le vent forcit mais reste autour des 15 nœuds. Voilà une nuit sous le signe d’une déferlante de trombes d’eau qui s’abat sur le bateau. Pendant un de mes quarts de nuit, des éclairs zèbrent le ciel, sans oublier quelques coups de tonnerre pour accompagner le tout. Beau et impressionnant à la fois, je me souviendrai de mon premier passage du « Pot au noir ».
Avec les premières lueurs du jour, on distingue mieux les grains qui nous ont inondés une grande partie de la nuit. On entrevoie aussi, devant, un ciel plus clément qui alterne différents gris et laisse apparaître des taches de bleu. C’est la sortie de la ZIC et la promesse d’une navigation moins tendue en direction de l’équateur.
L’équipage
Jeudi 3 novembre
Le lendemain de notre rencontre impromptue avec ce voilier battant pavillon brésilien, marchant tribord amure (le vent vient de notre droite), pour un long bord au 250° qui nous mène au nord des Canaries, Terre Exotique prend des airs de ménagerie.
Nous sommes le matin du jeudi 3 novembre, c’est la fin de mon dernier quart de nuit, et je discute avec Fred qui va me relayer pendant les trois prochaines heures.
Nous échangeons quelques mots sur la météo, le cap à suivre, le réglage des voiles et buvons un café en plaisantant. Fred retourne à l’intérieur chercher ses lunettes qu’il égare à loisir. Dans le cockpit, assis sur la chaise de camping du bateau, je tourne machinalement ma tête vers la gauche, pour admirer le sillage du bateau.
Je plisse les yeux, une baleine laisse apparaître son dos, pas loin, juste derrière ; je crie « Fred, baleine, baleine ! »,. Il apparaît dans le cockpit, lunettes à la main, mais la baleine n’est plus là. On se place tous deux sur la partie arrière du pont pour scruter la mer. La revoilà, je n’ai pas rêvé. Elle sort de l’eau majestueusement, lentement, étalant toute sa longueur.
Elle a une nageoire dorsale petite et assez incurvée vers l’arrière. Nous estimons sa taille entre 10 et 12 mètres et nous nous demandons à quelle espèce elle appartient. Quelques minutes plus tard, elle apparaît à nouveau à une centaine de mètres, à l’arrière du bateau. Cette baleine nous accompagne pendant plusieurs heures en se rapprochant jusqu’à une vingtaine de mètres de Terre Exotique, puis s’éloigne.
Toujours de la même façon, elle vient en surface prendre 2 à 3 respirations, et s’enfonce sous l’eau pour quelques minutes. Parfois elle reste juste sous la surface et on arrive à distinguer sa masse sombre derrière le sillage. L’envie de se jeter à l’eau pour la rejoindre nous traverse l’esprit, mais nous marchons entre 5 et 6 nœuds et la mer n’est pas « d’huile ».
Elle est vraiment curieuse, car nous empannons en milieu de matinée pour se placer au nord des Canaries ; qui signifie un virage à gauche de 90°, et elle est toujours là. En fin de matinée, elle décide finalement de changer de route, sans signe annonciateur. Ce fut une expérience de toute merveille, une baleine, une vraie, sauvage, qui se laisse admirer !!!
Après un déjeuner rapide, constitué d’une salade de riz pris sur notre terrasse panoramique, un petit oiseau choisit de se poser sur le pont.
Voletant autour du bateau depuis un moment, il se pose et s’envole à nouveau. Il décide de faire escale et se rapproche avec prudence de notre compagnie. Nous pensons qu’il doit avoir faim et soif et lui proposons eau et petits morceaux de pain ; tout cela installés à proximité du cockpit pour l’observer.
Après une courte réserve, il vient se restaurer goulûment et semble à l’aise, avant de reprendre finalement son envol.
En fin d’après-midi, des petits thons tournent autour du bateau. Peut-être une opportunité de dîner. Je lance un petit leurre à l’eau sans succès. Persistant, j’installe un petit moulinet sur le balcon tribord arrière et déroule une centaine de mètres. Trente minutes plus tard, le bruit significatif du moulinet qui se dévide se fait entendre. Je sens que la prise est petite et je la ramène sans encombre. C’est bien un petit thon que l’on fera cuire dans une ratatouille en boîte façon « Basquaise » !
Pour en finir avec cet épisode accompagné d’animaux marins, Fred trouve sur le pont, vendredi matin, un calamar fraîchement échoué, qu’il prépare aussitôt.
Il est temps désormais de préparer le bateau pour la traversée des Canaries ; le vent va forcir et des précautions sont à prendre.
L’équipage
Mardi 1e novembre
Un voilier de 40 pieds montre le bout de son nez. Il navigue à la voile plus vite que nous. Fred fait des bonds sur le pont et menace de rentrer à la nage s’il nous rattrape ! Je lui dis qu’il triche avec, certainement, un moteur en plus de la voile. On sait tous les deux qu’il ne peut pas être qu’à la voile…
En début d’après-midi, je reçois un appel VHF de ce voilier qui demande l’autorisation de venir proche de nous pour admirer « le joli voilier de course ».
Je réponds : « bien sûr ». Nous, à la voile, presque à l’arrêt, eux, à la voile et au moteur, le bateau se met sur notre bâbord à une trentaine de mètres. Un des équipiers est français et la discussion s’amorce. Nous apprenons qu’ils viennent de Lisbonne, où ils sont restés trois semaines pour attendre une météo favorable et vont au Canaries pour remettre le bateau à son nouveau propriétaire. Anecdote amusante ; un pavillon brésilien flotte sur le 40 pieds, le skipper est de Salvador ; notre destination.
Après quelques minutes d’échange, le vent se lève et Terre Exotique s’élance. Nous distançons rapidement nos copains qui se placent dans notre sillage. Une nouvelle nuit s’annonce avec du vent faible à venir.
L’équipage
Dimanche 30 octobre
Terre Exotique appareille de Gibraltar en début d’après-midi.
La météo s’annonce bonne pour les 24 premières heures ; avec un vent d’est entre 10 et 15 nœuds et des rafales à 22. Nous tirons un premier bord en direction de l’Afrique, puis empannons au 295° pour un décollage « immédiat ». Le vent forcit : 17, 20, 22 nœuds et rafales à 25, 27. GV haute, génois, ballasts au vent, Terre Exotique accélère, posé sur un rail ; On avance à 12, 13, 16 nœuds et plus sur des surfs. Dans ma bannette, je sens le bateau vibrer, il nous parle. Il pointe du nez ; j’imagine très bien des gerbes d’eau à l’étrave, lécher le balcon avant.
C’est pour ce genre de sensation qu’on fait de la voile…
Début de matinée, le vent faiblit comme prévu. On empanne vers midi et mettons cap à l’ouest.
Un long bord qui nous écarte de la côte avant d’empanner à nouveau et naviguer plein sud. La pétole nous rattrape ; nous marchons entre 4 et 6 nœuds, parfois même au moteur.
On en profite pour évaluer finement la consommation de « John John », car nous n’avons que 230 litres de gasoil à bord.
L’équipage
Lundi 24 octobre 2022
Nous appareillons de Carthagène en milieu d’après-midi, pour une navigation vers Gibraltar qui s’annonce molle.
La météo prévoit un vent d’est de 5 à 10 nœuds pour les premières 24h. Grand-voile haute et génois, nous faisons une moyenne de 5 nœuds. Nous ne battons pas de records, mais au moins, nous avançons.
La première nuit se passe sans encombre, tribord amure, accompagnée par quelques dauphins que nous apercevons difficilement, mais entendons parfaitement.
Leur souffle, à chaque fois qu’ils respirent est très reconnaissable. Parfois dans la lueur de la lune, nous arrivons à les distinguer.
Le début de journée se déroule sereinement avec quelques virements de bord tout de même pour garder la forme. Les dauphins sont de plus en plus présents, ils viennent, par petits groupes, jouer dans l’étrave de Terre Exotique. C’est un spectacle qui nous ravit et me fait penser à quel point il est nécessaire de préserver la mer pour continuer d’en apprécier ses spectacles.
Ces dauphins nous accompagnent presque jusqu’à la fin de notre navigation, se faisant plus rares aux abords du détroit de Gibraltar.
En début d’après-midi, le vent nous quitte définitivement. Le pilote automatique, réglé en mode vent, perd la boule. La girouette danse la farandole et fait le tour des secteurs de vent.
C’est la fin de la rigolade et le début du bruit assourdissant du moteur. Dorénavant, ce moteur Yanmar est affublé du petit nom de « John John » !
Il nous accompagne jusqu’à Gibraltar, où nous mouillons devant la marina de la ville de « Linéa de la Conception ». Il est trois heures du matin, le 27 octobre 2022.
L’équipage
Vendredi 21 octobre 2022
En début d’après-midi, Terre Exotique accoste au port de la marina du « Yacht Port Cartagena » ; le seul capable, avant Gibraltar, d’accueillir un bateau qui possède un tirant d’eau de 4,5 m.
L’après-midi est consacré à faire les formalités d’usage (enregistrement du bateau à la capitainerie, fonctionnement de la marina et de ses commodités), déjeuner en ville, prioriser les interventions techniques à venir et se reposer.
L’axe de travail principal s’impose à nous, c’est le pont et toutes les « ficelles » qui permettent de régler les voiles dans les différentes « allures » du bateau. Les aiguilles à épisser vont chauffer…
L’écoute de grand-voile est la première à passer entre mes mains. Je dépose l’ancienne (provisoire depuis la première navigation) et la remplace par une toute neuve, jolie… et gaillarde, je l’espère. De son côté, Fred s’attaque à gainer l’intégralité des bastaques et à vérifier tous les serrages d’axes des poulies(nous avons failli perdre celui de l’écoute de GV pendant la seconde navigation de Mahon à Carthagène). Puis, c’est le tour des bosses du rail d’écoute de GV, que l’on rallonge pour utiliser pleinement le chariot.
Une première journée de travail bien remplie qui mérite de goûter le vin espagnol et les tapas.
Dimanche, nous inversons les écoutes du J2 (voile d’avant à poste) et refaisons épissures, lashing, loop et constrictors.
Terre Exotique attrape le regard des marins et suscite la curiosité des badauds.
Malheureusement, nous avons trop à faire pour répondre à tous. Attirées par le bateau, trois jeunes femmes, étudiantes en école de commerce, nous sollicitent pour le visiter. Elles font une pause d’une année dans leurs études, ont acheté un bateau et s’apprêtent à traverser l’atlantique en direction des Antilles. Elles souhaitent sensibiliser les enfants à l’importance de l’écologie.
Impossible de refuser leur demande. Elles sont ravies, impressionnées, curieuses et tombent sous le charme de Terre Exotique…
Dernière nuit à quai avant d’appareiller le lendemain ; nous en profitons pour déguster l’incontournable paella qui nous ravit les papilles.
L’équipage
Mercredi 19 octobre 2022
Terre Exotique appareille à 12h de Mahon sur l’ile de Minorque. Direction Carthagène, à 280 milles plus au sud, pour une escale qui doit nous permettre de terminer la préparation du bateau. Les premières 24h en mer, nous envoyons le petit, puis le grand génaker, et faisons une moyenne autour des 8 nœuds.
Nous profitons de ce moment, car nous savons que cela ne va pas durer. Eole va couper le robinet. Effectivement, le vent faiblit et tourne au sud-ouest; nous sommes au près.
Fred décide de mettre une ligne de traine à l’eau ; en plaisantant, je lui précise que j’adore la dorade coryphène… Une heure plus tard, touche ! Fred se précipite sur le balcon arrière, serre le frein du moulinet et remonte la ligne à la volée. En une minute, le poisson est sur le pont dans un seau prévu à cet effet.
Coïncidence, il s’agit bien d’une dorade coryphène qui arbore des couleurs splendides, du vert, du bleu et du jaune, les couleurs du Brésil… Aussitôt péché, aussitôt préparé pour la manger. Fred fait les filets pendant que je prépare une marinade pour en manger une partie crue ; le plus gros sera cuit à la poêle avec un peu d’huile d’olive.
La seconde nuit se déroule sans encombre, à faible allure, au rythme des quarts de nuit, avec une attention certaine aux routes des bateaux que nous croisons. On arrive à la côte, le trafic se densifie.
Deux virements de bord sont nécessaires pour entrer dans le port de Carthagène. Un agent de la Marina nous accueille comme convenu, nous montre la place de port et nous prend les amarres. Il est 13h, le vendredi 21 octobre.
Au programme des trois prochains jours : matelotage, tournevis et tapas.
L’équipage
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